Histoire du Bataillon français de l'ONU

 


 INSIGNE 03  Insigne du bataillon français de l'ONU en Corée

Création

Septembre 1950

Fin des opérations

Juillet 1953

Pays

 fr France

Type

Bataillon d'infanterie

Effectif

1 017

Fait partie de

23rd Regiment, Second (Indianhead) Infantry Division US

Guerre

Guerre de Corée

Batailles

Twin tunnels - Chipyong-Ni - Inje - Crèvecœur (Heartbreak Ridge) - Kumwha - Chorwon - Triangle de fer - T-Bone - Putchaetul - Arrow-Head - Song Kok et Chungasan.

Fourragères

Aux couleurs du ruban de la Médaille militaire olive aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs

Décorations

Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
quatre palmes
3 citations présidentielles américaines
2 citations présidentielles de la république de Corée
1898 citations individuelles

Commandants historiques

Général Raoul Magrin-Vernerey dit Ralph Monclar (il renonça temporairement à son grade pour prendre celui de lieutenant-colonel)

Lieutenant-colonel François Borreill

Lieutenant-colonel François de Germiny

 

 

 

Le bataillon français de l'ONU (BF/ONU) fut un bataillon d'infanterie formé de militaires volontaires de l'armée française et de l'Union française issus de toutes les armes et des réserves, envoyé par le gouvernement pour représenter la France dans les forces terrestres multinationales mandatées par le Conseil de Sécurité de l’ONU dans sa résolution 83 du 27 juin 1950 et constituées de contingents, principalement américains et anglais du Commonwealth, en provenance de 21 autres pays pendant la guerre de Corée (1950-1953). Il est de très loin la principale composante des forces françaises dans la guerre de Corée.

Historique

Le 25 août 1950, le gouvernement dirigé par René Pléven, pendant la présidence de Vincent Auriol, organise la formation d'un bataillon formé de volontaires issus de régiments métropolitains, d'outremer et des réserves dont le premier élément sera créé au camp d’Auvours (Sarthe) en septembre 1950. Le bataillon embarqua à Marseille le 25 octobre et débarqua à Fusan (Pusan) le 29 novembre 1950 pour être intégré au 23rd Infantry Regiment de la Second (Indianhead) Infantry Division des États-Unis.

Ses 1 017 hommes étaient organisés de trois compagnies de combat, une compagnie d’appui et une compagnie de commandement et de soutien. Les compagnies de combat étaient divisées en trois sections, chacune disposant d’une mitrailleuse de calibre.50 BMG et de trois mitrailleuses automatiques Browning, ainsi que d’une section d’appui munie de deux mortiers de 60 mm et de deux canons sans recul de 57 mm. La compagnie d’appui était composée d’une section de combat dotée de huit mitrailleuses de calibre 12,7 mm et d’une autre section de combat dotée de quatre canons sans recul de 75 mm. Une unité de remplacement forte de quatre cents hommes venait compléter ce déploiement.

Ses compagnies se composaient de profils particuliers : la première accueillait principalement des vétérans de la Marine, la deuxième des vétérans de l’infanterie et la troisième, des parachutistes et d’anciens légionnaires. Des artilleurs et des spécialistes formèrent la compagnie de commandement, et la compagnie d’appui attira des recrues aux compétences particulières. La composition différente des compagnies apporta un motif d’émulation entre elles, ce qui incita les soldats à se dépasser.

Afin d'adapter ses effectifs au format américain de Regimental combat team qui est celui du 23e Régiment d'infanterie US, dans lequel il est intégré, le bataillon français créera une compagnie mixte comprenant des soldats coréens R.O.K. (Republic of Korea) avec un encadrement français.

Il fut de tous les principaux combats jusqu'à la fin des hostilités, de leur baptême du feu à Wonju aux batailles de Twin Tunnels, Chipyong-ni et bataille de Crèvecoeur (Battle of Heartbreak Ridge).

Le bataillon français de l'ONU a perdu au combat 269 volontaires français et 18 Coréens intégrés au bataillon tués, 1 350 blessés (dont certains à plusieurs reprises), 12 prisonniers de guerre et 7 portés disparus.

Au total, pendant les trois années de conflit,3 421 Français se sont succédés dans les rangs du BF/ONU.

Le 23 juillet 1953 sont signés lles accords de Panmunjon : c'est l'armistice.

Le 23 octobre 1953, le bataillon français quitte les forces de l'ONU et embarque à Incheon pour l'Indochine.

Principaux combats                                    

Situation militaire antérieure

L25 juin 1950, les Forces armées de la Corée du Nord (In min gun), puissamment armées, envahissent sans préavis le territoire de la Corée du Sud. C'est le début de la guerre de Corée.

Devant la supériorité écrasante de l'adversaire, les forces armées de la république de Corée - baptisé ROKs (Republic Of Korea) - dépourvus de moyens lourds et de blindés, sont littéralement laminées.

Le 26, le Conseil de sécurité de l'ONU réuni en toute hâte prend une résolution appelant ses membres à fournir "toute l'assistance qui s'avèrera nécessaire" à la Corée du Sud.

Le 1er juillet les premiers éléments de la 24e Division américaine stationnée au Japon débarquent en Corée. D'autres troupes alliées commencent à arriver. Mais les forces communistes du Nord continuent à déferler, écrasant tout ce qui offre une résistance organisée.

Début août, le blocus naval de la Corée est total.

L'aviation alliée embarquée ou opérant depuis le Japon a déjà effectué plus de 10 000 missions de bombardement ou de soutien. Le front se stabilise enfin sur un périmètre de 160 sur 80 km accroché dans une boucle du fleuve Nakdong : le « périmètre de Pusan », autour de ce grand port du sud par où se déversent continuellement troupes et matériels.

Le 15 septembre 1950, le plan 100, ou opération Chromite, imaginé par le général Douglas Mac Arthur, est déclenché : une impressionnante force amphibie débarque à Inchon, près de Séoul, 300 km plus au Nord, coupant les lignes de ravitaillement des forces communistes. La France participe a l’opération Chromite avec son aviso La Grandière.

Les troupes de l'ONU passent à la contre-offensive. C'est la remontée vers le Nord. En deux semaines, les troupes de l'ONU et les R.O.K s'emparent de Suwon et du terrain d'aviation de Gimpo.

La fleuve Han est franchi et Séoul reconquise le 26 septembre. Les armées du Nord refluent en masse.

Le 9 octobre, l'ONU donne son accord tacite pour une mission vers le Nord.

Le 17 octobre la 2e Division américaine, arrivée en Corée depuis le 31 juillet, franchit le 38e parallèle nord et entre à Pyongyang.

Le 20 octobre, une seconde force amphibie débarque à Wonsan sur la côte Est, où les R.O.K. l'ont précédée dans leur rapide avancée.

Fin octobre, les services de renseignements alliés savaient que l'Armée populaire de libération chinoise avait déjà amassé 316 000 soldats à la frontière en vue de venir soutenir l'armée de Corée du Nord.

L'ONU interdira toute intervention aérienne sur le sanctuaire mandchou en territoire chinois. Le 23 novembre, l'ensemble des forces alliées progresse sur trois axes en direction du Yalu et font pression aux frontières mandchoues et soviétiques.

Dans la nuit du 24 au 25 novembre, 500 000 combattants chinois attaquent violemment le Xe corps d'armée des États-Unis à l'ouest et les forces R.O.K. et des Nations unies à l'est. Plus de 100 000 combattants des Nations Unies refluent vers le Sud en direction des ports de Wons an et de Hungnam d'où ils seront évacués par l'US NavySéoul retombera aux mains des communistes fin décembre.

Le BF/ONU arrive  

C'est dans ces conditions que, arrivé le 29 novembre 1950 à Pusan, le bataillon Français de l'ONU rejoint ses cantonnements à Daegu pour une période d'entraînement et d'instruction d’une durée d’un mois. Il reçoit ses équipements.
Intégré le 15 décembre au 23rd Infantry Regiment, qui fait partie de la 2e Division d'infanterie américiane, il est engagé dans les violents combats en cours dans cette guerre de mouvement le 25 décembre.

  • 7 janvier 1951: à Wonju, le BF/ONU reçoit mission de couvrir le flanc de la 2e Division en retraite. Cinq jours de combats ininterrompus allant jusqu'au corps à corps, les armes étant gelées.
  • 1er et 2 février: encerclés à Twin tunnels, le 3e bataillon du 23e RI US et le BF/ONU résistent victorieusement à la 125eDivision chinoise. Ce fait d'armes vaut au BF/ONU sa première Citation présidentielle américaine.
  • 3 au 16 février: le 23e RI US (dont le BF/ONU) s'empare de Chipyong-ni à plus de 35 km en avant des points de résistance de la 8e Armée et, après trois jours d'encerclement (13 au 16 février), permet la relance d'une contre-offensive. Ce nouveau fait d'armes vaut au bataillon français sa première citation à l'Ordre de l'armée française et sa deuxième Citation présidentielle américaine.
  • 3 au 5 mars : la prise de la cote 1037 par le BF/ONU ouvre la route d'Honchon et de Chuchon à la 2e DI dans le cadre de l'offensive alliée d'hiver.
  • 6 avril : le BF/ONU franchit à son tour le 38e parallèle et, le 8, arrive le premier aux réservoirs de Hwachon.
  • 16 au 23 mai : la 2e DI, parvient à briser l'offensive chinoise de printemps grâce en partie au sacrifice de la Section "Pionniers" du BF/ONU qui y gagne sa deuxième citation à l'Ordre de l'armée française.
  • Passant à la contre-attaque le 23e RI franchit à nouveau le 38e parallèle et le BF/ONU entre le premier à Inje. Ces actions successives valent au bataillon français ses troisième citation à l'Ordre de l'armée française et Citation présidentielle américaine.

Octobre 1951 : après 3 semaines de combats, le 23e RI s'empare au lance-flammes des avancées de la cote 851. À l'aube du 13 octobre, le dernier piton, Crève-cœur (Heartbreak ridge), tombe aux mains de la 2e compagnie du bataillon français.

Voir le film Crèvecœur sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=p18dlVGXod8

  • Consécutivement à l'ouverture des négociations d'armistice à Gaeseong, la guerre de mouvement se transforme en guerre de position. Le BF/ONU continue de prendre part à toutes les actions menées par la 2e DI. Il est en ligne dans le secteur du Triangle de fer tenu par les troupes des Nations Unies tandis que Pyongyang est revenu aux mains des communistes.
  • Hiver 1951 - 1952 : le BF/ONU tient position à Gumhwa.
  • Juillet - août 1952 : sur White Horse et à T-Bone - Arrow Head, le 23e RI est au centre face à une puissante attaque chinoise en direction de Séoul qui échouera. Plus de 25 000 obus tirés par les automoteurs chinois tomberont en 24 heures rien que sur les positions tenues par les Français. Aux avant-postes, la section de pionniers, submergée et à court de munitions, se battra au corps à corps à coup de pelles. Contrevenant aux consignes, la section d'armes lourdes du BF/ONU se portera spontanément en appui décisif sur son flanc droit au bénéfice du 29e Régiment de la 9e Division d'infanterie coréenne en grande difficulté. Fait exceptionnel, le lieutenant "désobéissant" commandant ladite section d'armes lourdes, se verra, pour son action en faveur des Coréens, décerner la haute décoration "Ordre de mérite militaire WHARANG avec étoile d'argent" sur ordre du président de la République de Corée.

Ces actions vaudront au BF/ONU sa quatrième citation à l'Ordre de l'armée française. Le bataillon continuera de se battre jusqu’à l’armistice.

  • Janvier 1953, le bataillon est à Songgok
  • Juin 1953, le bataillon tient le secteur de Chumgasan à l'ouest de Gumhwa.

Décorations 

Le bataillon français de l'ONU en Corée 1950 - 1953 a obtenu :

Associations  

En France, la mémoire est perpétuée par deux Associations :

  • Association Nationale des Anciens Combattants de la Seconde (Indian Head) Division des États-Unis et du bataillon Français de l'O.N.U. en Corée, Siège Social : chez son président, 8, rue Molière, 92400 Courbevoie. Cette association regroupait exclusivement des anciens du bataillon Français de l'ONU intégré au 23e RI U.S. de la 2e Division d'Infanterie des États-Unis. Frappée par les lois de la démographie, elle s'est auto-dissoute en 2000.
  • Association Nationale des Forces Françaises de l'O.N.U. et du Régiment de Corée (A.N.A.F.F. ONU BC et R.C. 156e R.I.) (Association "régimentaire" regroupant des anciens du bataillon Français de l'O.N.U. et des marins de l'Aviso La Grandière période 1950 à 1953, mais aussi des anciens du Régiment de Corée en Indochine (GM100) et en Algérie (156e RI, dissous en 1962).

Cette association a changé de nom et donc de sigle en devenant : Association Nationale des Anciens et Amis des Forces Françaises de l'ONU du bataillon et Régiment de Corée, 156e R.I. (ANAAFF/ONU BC & RC 156 RI). Son siège étant transféré 10, place Charles Digeon 94160 Saint-Mandé. Son Président est le Député-Maire Patrick Beaudouin.